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Le rôle de la planification familiale en faveur de la croissance en Afrique est mis en avant lors des réunions annuelles de la BAD

Le 29 mai, une réunion à haut niveau présidée par Agnes Soucat, Directrice du Département du développement humain de la Banque africaine de développement, s’est penchée sur la façon dont la Banque pourrait réellement contribuer à la fenêtre d’opportunité émergente en l’Afrique, pour prendre en compte le dividende démographique en Afrique. Le groupe d’experts a souligné le rôle essentiel de la santé et, de l'éducation et de la protection sociale qui sont inextricablement liées au développement du capital humain et à la croissance inclusive.
La population africaine croissante et l'explosion de la jeunesse prévue au cours de la prochaine décennie offre une possibilité de réduire les ratios de dépendance (population non active / population en âge de travailler). Les économistes appellent cette fenêtre d'opportunité : « le dividende démographique ».

La croissance démographique et la structure d’âge sont des moteurs importants de la croissance économique. En effet, l’évolution démographique compte pour un tiers dans le «  miracle » économique de l'Asie.

L'Afrique est la région du monde la plus jeune et à l’horizon 2040, l'Afrique aura le plus grand réservoir de main d’œuvre au monde, devant la Chine et l'Inde. Par ailleurs, l'espérance de vie a augmenté du fait de l'amélioration des services de santé.
 

Cependant, Jean-Pierre Guengant, Directeur de la Recherche à ‘l’Institut de Recherche pour le Développement’ a indiqué que « contrairement à la croyance populaire, le dividende démographique n’est pas donné. Il faut le gagner. La légère diminution actuelle de la fécondité en Afrique et l'expérience des tigres asiatiques et d'autres pays émergeants a clairement montré que sans intervention politique aux niveaux national et régional, la fécondité ne diminuera pas suffisamment rapidement en Afrique subsaharienne. »
Les femmes africaines ont encore cinq enfants en moyenne. À cet égard, Jean-Pierre Guengant a conclu que : « le plus gros problème des 20 prochaines années sera de répondre aux aspirations de cette explosion de la jeunesse. Pour réaliser cet objectif, il est absolument nécessaire de répondre aux besoins d'éducation et de santé d'un nombre croissant de jeunes enfants. Là encore, pour réaliser cet objectif, il est nécessaire de stabiliser le nombre de naissances, - de préférence de réduire la fécondité - grâce à la multiplication des méthodes contraceptives. »
David Canning, un membre du groupe d’experts, est professeur de sciences démographiques à Richard Saltonstall et professeur d'économie et de santé internationale à l‘Université de Harvard a déclaré qu’il est important de construire un capital humain de femmes pour les aider à avoir moins d'enfants.
 

« La scolarisation des filles et les opportunités offertes aux filles sur le marché du travail sont essentielles pour accélérer le dividende démographique », a déclaré David Canning, tout en notant également que « les femmes en Afrique ne peuvent travailler plus qu'elles ne le font actuellement, mais elles travaillent à la maison, s'occupant des enfants ou dans le secteur informel ».
Au Sénégal, la population a triplé depuis 1960, passant de 3 millions d'habitants à 12,2 millions en 2009. La fécondité a simplement diminué passant de 6,6 enfants par femme en 1986 à cinq en 2011. Le Sénégal a un ratio de dépendance élevé : pour 100 actifs employables, il y a 89 Sénégalais inactifs de moins de 15 ans ou de plus de 65 ans.
Pierre Ndiaye, directeur des projets et des études économiques au ministère de l'économie et des finances du Sénégal a indiqué que « les partenaires techniques et financiers tels que la Banque africaine de développement pourraient aider le Sénégal à définir et à mettre en œuvre une politique de planification familiale agressive afin de réduire la fécondité et d'accélérer la transition démographique ». Les représentants du secteur privé dans ce groupe d’experts, Zaki Khoury, le directeur régional de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient de Microsoft et James Eberhard, président-directeur général de Mobile Accord ont également indiqué que l'Afrique connait de profonds changements démographiques, économiques et politiques, mais que les changements de la technologie affecteront plus particulièrement la construction du capital humain sur le continent au cours de la prochaine décennie. La science, la technologie et l'innovation sont nécessaires pour encourager l'apprentissage et un changement en faveur d'une croissance inclusive, conduite essentiellement par le secteur privé.

« Soutenir la croissance et la rendre inclusive dans un continent en évolution rapide exigera des solutions innovantes et des investissements efficaces dans le développement du capital humain » a déclaré Agnès Soucat. « Il faut un nouveau modèle d'éducation pour l'Afrique, basé sur les TIC et reposant sur d’étroits partenariats avec le secteur privé ».

La future stratégie de développement humain de la BAD offre une base solide pour mieux se faire entendre et renforcer la responsabilisation dans le secteur de la santé, ce qui est tout à fait dans l’esprit du mécanisme HHA.
 
Le débat à haut niveau est diffusé sur : http://annualmeetings.afdb.org/pages/en/annual-meetings/multimedia/videos-on-demand.aspx