Les dirigeants africains prennent de plus en plus conscience du rôle de la science, de la technologie et de l'innovation (STI) dans le développement.
Toutefois, le défi principal reste la formulation de politiques STI et leur mise en œuvre aux niveaux national et local.
Ceci est ressorti hier lors de la session une du premier Forum africain sur les STI accueilli par le gouvernement du Kenya à Nairobi du 1er au 3 avril. Les questions auxquelles les délégués ont dû répondre lors de cette session étaient les suivantes : que peut faire l'Afrique pour répondre à la demande d’un enseignement de qualité en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM) dans les établissements d'enseignement supérieur (EIS) ? Quels sont les modèles prometteurs que l’on pourrait élaborer ?
Ces questions ont été posées dans un contexte où la demande pour les STIM connaît une croissance exponentielle, mais les registres des facultés ne suivent pas et dans de nombreux cas enregistrent même une baisse.
Le rapporteur Hamidou Boukary de l'Association pour le développement de l'éducation en Afrique (ADEA) indique dans son rapport que l’un des thèmes forts est que l'Afrique doit démystifier la science pour la rendre accessible à une grande majorité de communautés africaines.
En outre, la culture scientifique doit être dispensée très tôt dans le système d'éducation. Des mesures incitatives devraient motiver les enseignants à enseigner des matières scientifiques, et des bourses, des récompenses et des concours pourraient être utilisés pour raviver l’intérêt pour les STI.
Cependant, il existe un paradoxe en Afrique au niveau des STIM : alors que la demande est en hausse, le nombre d'étudiants s'inscrivant en STIM diminue et un nombre croissant d’étudiants ne réussit pas à passer le diplôme comme l'indique la synthèse de Boukary.
Une façon de régler le problème consiste à impliquer la diaspora africaine pour s’attaquer à l'insuffisance de chercheurs et d'ingénieurs. L’Union africaine pourrait être chargée de recenser le nombre et la qualité des chercheurs africains dans la diaspora.
En s'attaquent à ces défis, les pays devraient d'abord compter sur les ressources humaines et financières nationales. Cependant, certains délégués ont indiqué que les pays en situation post conflit peuvent se trouver confrontés à des contraintes sur le plan des ressources financières et humaines.
La session était présidée par le professeur Shaukat Abdulrazak, PDG du Conseil national de science et de technologie du Kenya. Le professeur Mohammad Hassan, l'ancien dernier président de l'Académie africaine des sciences, Romain Murenzi, directeur exécutif de TWA S et ancien ministre des sciences au Rwanda et David W. Strangway, président et PDG de la Fondation Canada pour l'innovation étaient les panélistes de cette session.
Le professeur Mohammad Hassan a présenté l'expérience de l'Initiative régionale pour la science et l'éducation (IRSE) qui contribue à accroître le nombre de candidats à la maîtrise et au doctorat.
Murenzi a présenté aux participants l’initiative TWAS, un programme soutenu par l'Unesco, qui a pour objectifs de promouvoir l'excellence dans la recherche scientifique, de renforcer la coopération sud-sud et sud-nord, de répondre aux besoins des jeunes chercheurs et d’assurer la diffusion des informations scientifiques.
Strangway a déclaré que la conférence STI dénotait clairement la capacité croissante de l'Afrique à s'intéresser aux capacités de recherche et l'innovation.
Outre les panélistes, deux intervenants ont réagi aux présentations : Guy-Florent Ankogui-Mpoko en charge de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la recherche au bureau du premier ministre de la République Centrafricaine et Mahouton Norbert Hounkonnou, Chaire UNESCO de mathématiques, physique et application au Bénin.